photographies d’Eric Bouvet – collections du musée de l'Armée
Le désert des Tartares
Les photographies d’Eric Bouvet ne montrent ni combat, ni bruit ni fureur. En l’absence d’affrontement, l’on n’y voit pas non plus de blessés, de morts ou de prisonniers. Les règles auxquelles sont soumis les photographes leur interdisent d’ailleurs de photographier de tels sujets. Pourtant, ce reportage montre bien la guerre ; ce qui pourrait apparaître comme une photographie de ses moments dits « faibles » constitue en réalité un éclairage sur ses moments « forts ». La marche, la recherche de l’ennemi ou la tension face à l’invisible sont des caractères indissociables de ce type de guerre asymétrique. Dans les images d’Eric Bouvet, l’adversaire n’est pas visible mais il est omniprésent. On le devine dans les yeux des soldats et celui-ci trouve une matérialité dans le désert, les espaces vides ou les villages isolés. Tels Giovanni Drogo, héros du Désert des tartares de Dino Buzzati, les jeunes hommes du 1er RI cherchent l’adversaire alors qu’en réalité ils en arpentent un autre.